Christophe Mineau

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Tarabiscot

Tarabiscot

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Tarabiscot
Table des matières :

Tarabiscot

Pour un important projet de restauration de meuble ancien, j’ai eu besoin de refabriquer des moulures manquantes, ne possédant que quelques vestiges des moulures originales.

Deux principales possibilités existent pour fabriquer des moulures :

  • soit on travaille à la toupie, en façonnant des fers sur-mesure. Je ne possède pas de toupie et je ne suis pas naturellement attiré par cette machine.
  • soit on opte pour un travail à la main et dans ce cas, encore deux possibilités :
    • on peut utiliser un bouvet à moulurer mais dans ce cas, il faut avoir un bouvet par profil de moulure à réaliser

      De plus, il y a peu de chance de trouver un modèle qui corresponde aux moulures dont j’ai besoin.

    • On peut enfin utiliser le Tarabiscot.

Le tarabiscot est un outil qui peut être considéré comme désuet, on lui préfère aujourd’hui la défonceuse, mais il a pourtant bien des qualités. Outre le fait qu’il ne fait ni bruit ni poussière, il apporte par rapport à la défonceuse la grande souplesse de pouvoir façonner à volonté n’importe quel profil.

Le tarabiscot est un outil qui travaille par raclage. Le fer est présenté à 90° par rapport au fil du bois, il doit être tenu dans un porte-outil qui devra être rigide et possédant une bonne prise en main. La moulure est obtenue en poussant et tirant alternativement l’outil sur le bois, en suivant le bord de la pièce.

Un ancientarabiscot

C’est un outil utilisé depuis très longtemps, et qui reste imbattable dans certaines situations , par exemple en ébénisterie, pour réaliser une décoration sur les bords d’un pied de meuble galbé. Comme le terme “tarabiscoté” le suggère, il est en vérité capable de prouesses qu’aucune toupie ni défonceuse ne pourra accomplir.

Les fers sont façonnés sur mesure, en fonction du profil à réaliser, dans une feuille d’acier “à ressort”. Dans mon cas, j’utilise des morceaux d’une ancienne lame de scie à ruban industrielle.

La version que j’ai choisi de réaliser est inspirée par une un outil que l’on trouve dans le commerce possédant un corps en métal et deux poignées asymétriques.

La conception est très simple, il s’agit d’une semelle en forme de cornière, relativement épaisse. Le plan vertical possède un contre fer qui enserre le fer à l’aide de deux vis. Par simplicité, ce sont les mêmes vis qui serrent le fer et qui permettent de bloquer les deux poignées en place.

L’outil travaille en bordure de la pièce, une des deux poignées se trouve donc en l’air, alors que l’autre poignée sera au dessus de la pièce. C’est la raison pour laquelle la poignée “en l’air” est plutôt de la forme d’un manche de ciseau et permettra de saisir l’outil comme on saisit un guidon. L’autre poignée, au dessus du bois est plutôt de la forme poire, comme une poignée avant de rabot.

Les deux pouces sont appuyés contre le contrefer.

Vues avant / arrière :

FB

Le guide parallèle est en position fixe. C’est la lame que l’on écarte plus ou moins de cette position pour régler la distance au bord de la pièce.

J’ai prévu un guide à roulement à bille pour les profiles curves et un guide droit pour les profils rectilignes :

Le guide droit possède une encoche qui permet le passage de la lame :

Le tarabiscot en position de travail :

Le résultat sur du merisier :

Voici, en quelques détails sur la fabrication de cet outil :

Les parties métalliques avant assemblage. Les axes des poignées sont tournés en laiton en trois parties puis brazés à l’argent.
La cornière en acier est un assemblage soudé de deux profils différents. La semelle a une épaisseur de 5mm de façon à laisser un nombre suffisant de filets pour le trou fileté qui fixe le guide parallèle.

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Les axes des poignées après brazure et polissage.

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Les poignées sont en merisier, finition teintée et huilée.

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Fabrication du fer. Partant d’une moulure existante, je relève sur papier les hauteurs et largeurs des points d’intersection du profil. Je reporte au feutre fin sur un morceau de lame de scie à ruban dont j’ai meulé les dents et poli les faces.

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Le profil est ébauché au disque Dremel.

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Le profil est ensuite terminé aec des limes queue de rat et limes aiguilles. Le tranchant doit être bien net et perpendiculaire.

Moulure réalisée avec le fer ci dessus.

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Et voici une vidéo montrant la réalisation d’un moulure avec ce tarabiscot. La première partie montre quelques passes agressives de formation du profil, et la seconde partie montre des passes de finition visant à polir la surface, de façon à éviter le ponçage.

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Christophe

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Anciens commentaires des lecteurs


Hello from Papy1958
Par Papy1958    Le 2017-10-07T11:45:00+01:00
Très belle réalisation. Bravo. Pour les fers vous utilisez quoi? et en quelle épaisseur? Est ce que ça pourrait fonctionner pour des traverses chantournées en chêne? ____________________________________________________________________________ Bonjour, Pour les fers, j'utilise de la vieille lame de scie à ruban. L'une de mes préférées est une lame HSS toute rouillée trouvée dans la poubelle d'un artisan "serrurier/ferronier". Elle fait environ 1mm d'épaisseur, et marche très bien dans les bois durs. C'est avec cet acier que je fais mes petits racloirs de forme également. Sinon, pour du bois courant, de l'acier bleu pour faire les racloirs convient bien, ou de la lame de scie à ruban "acier suédois". Autre truc, que j'emploie aussi pour les racloirs, une lame de couteau de peintre, large, ou lame de platoire. Les versions "inox" sont difficiles à affuter, mais tiennent très bien et coupent très bien. Cordialement !

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